Prospective libre

Tome I : le modèle ATHEMA

Sommaire

INTRODUCTION

Historique

ancien

Le modèle ATHEMA a été développé au cours des années 80 dans le cadre de l’équipe technique de base du PIRDES dirigée par Jean Deflandre. Cette équipe avait été créée au sein du CNRS à la suite de la crise du pétrole de 73/74 pour étudier les potentialités de l’énergie solaire.
La mise sur pied du modèle ATHEMA, en particulier de son logiciel, n’a été possible que grâce à l’écran que constituait cette équipe technique de base vis-à-vis du milieu des économistes qui, à la même époque, a plongé dans le libéralisme et le mépris de toute démarche de prospective qui ne soit pas de la prévision des bienfaits du marché.
En dépit des efforts pour diffuser le modèle ATHEMA à la fin des années 80, ce contexte extérieur a fait que le travail n’a jamais été pris en compte ni par le milieu académique des économistes, ni par le Commissariat au plan.
Par la suite, le caractère opérationnel du modèle a disparu du fait de la dispersion de l’équipe technique de base et de l’évolution des matériels informatiques qui faisait que les logiciels n’étaient plus utilisables.
Toutefois, aussi bien l’aspect théorique du modèle que les diverses applications numériques qui en ont été faites ont donné lieu à des rédactions qui constituent une documentation de base toujours utilisable.

récent

Récemment, la réinstallation d’un logiciel a été entreprise par un tout petit groupe de trois personnes qui, convaincues de l’intérêt du modèle, ont voulu éviter que le travail des années 80 ne soit définitivement perdu.
A condition qu’un potentiel suffisant soit mis en place pour l’exploiter, le modèle ATHEMA pourrait susciter (enfin) un intérêt considérable dans le contexte présent.

adéquation ATHEMA-crise

prospective pour planification

En effet, les circonstances actuelles de la crise du libéralisme et de la mondialisation, rendent souhaitable de disposer d’instruments de prospective qui ne soient pas seulement des applications de la finance ou des illustrations des bienfaits du marché mais au contraire, des outils permettant d’évaluer des alternatives sans cependant que le marché soit exclu. C’est ce que visait le modèle ATHEMA à toutes les échelles territoriales, de la commune à l’organisation mondiale en passant par la nation (pour ne pas parler de l’Europe où la perspective d’une planification alternative semble continuer à être interdite par l’idéologie de la construction européenne).

économie physique

Il importe ici de souligner que le modèle ATHEMA s’inscrit à l’exact opposé des orientations dominantes de l’économie depuis les années 80 ; il étudie et modélise essentiellement (à un niveau de détail qui peut être grand) la matérialité, l’aspect physique des circulations économiques (sans pour cela négliger les mécanismes de marché) en prenant en compte ces éléments évalués à dire d’ingénieurs et pas seulement à dire d’économètres comme c’est le cas des modèles de Leontiev ou des modèles macroéconomiques issus de la comptabilité nationale.
Cet aspect physique, tout à fait original, avait été progressivement abandonné depuis sa mise en place au cours des années 30, sous les auspices des économistes soviétiques, de Von Newman et de ses collaborateurs dont Dantzig, le fondateur de la programmation linéaire.
Ce schéma d’orientation du modèle ATHEMA s’inscrit parfaitement dans une réflexion sur les perspectives d’une sortie de la crise actuelle qui ne soit pas un simple replâtrage de l’ancien fonctionnement.

reconstruire une base productive intérieure

Il permet d’explorer en particulier la perspective de la reconstruction du système productif de la nation française et, éventuellement, d’autres nations européennes qui, comme la France, ont été victimes de l’idéologie libérale au profit d’une course effrénée aux échanges extérieurs (on peut citer l’Angleterre où il n’y a presque plus d’industries).
Alors que personne, aucun économiste ne parle de cet aspect des choses, la crise actuelle devrait mettre en évidence l’ erreur d’orientation qu’à constitué la suppression progressive des protections qui permettaient à l’industrie nationale d’alimenter le marché intérieur (fût-ce à des prix supérieurs aux prix des produits de moindre qualité venant du monde en développement, en particulier de la Chine).
Il est certain que cette reconstruction de l’industrie nationale, ne peut pas se faire avec des règles de trois sur un coin de table. Elle réclame une prospective préalable, préliminaire à une planification qui pourrait être souple et compatible avec des mécanismes de marché. C’était le but du modèle ATHEMA à la fin des années 70, alors que les mesures prises en réponse à la crise du pétrole ne constituaient déjà qu’un replâtrage du fonctionnement antérieur, même si elles impliquaient certaines économies d’énergie.

changement climatique

L’utilisation du modèle ATHEMA pour faire une prospective heuristique, c’est-à-dire d’invention d’un avenir alternatif, peut être motivée également par toutes les questions macroéconomiques liées au changement du climat qui constitue une donnée majeure de la situation actuelle, que ce soit au niveau national ou au niveau mondial.
Peu de temps avant sa mort en 2002, le professeur Lions qui, au cours de sa carrière, s’était intéressé à la question du changement climatique ignorait qu’il existait des modèles macroéconomiques en unités physiques.
Lui même n’avait jamais réussi à établir un dialogue avec les économistes qui lui parlaient de questions monétaires et financières alors qu'à propos du climat, il leur parlait d’éléments physiques.
Le modèle ATHEMA constitue un instrument qui peut servir d’interface entre les deux à conditions bien sûr que les économistes qui ont pignon sur rue et qui ont dominé la situation universitaire, acceptent de regarder un peu de quoi il s’agit ce qui n’est pas très facile mais doit être possible si une autorité politique le préconise.

Propositions et voeux

Par quelle instance ?

Le petit groupe de bénévoles qui a remis sur pied un modèle ATHEMA opératoire, ne peut en aucun cas faire un travail d’exploitation du modèle crédible pour une classe politique pourtant démunie d’instruments de réflexion depuis les années 80, personne ne s’étant plus jamais préoccupé de la prospective macroéconomique.
Pour surmonter ce handicap, deux conditions institutionnelles doivent être satisfaites : un noyau sous tutelle scientifique indiscutable et une autorité de coordination politique non partisane.
Concernant la première, le CNRS pourrait abriter le projet dans le cadre de son programme "Environnement".
Concernant la seconde, il faudrait envisager une Haute Autorité Indépendante pour la Prospective et la Planification, sorte de résurrection du Commissariat au Plan, aujourd’hui démantelé. Car ce ne peut être qu’une opération de grande envergure, à laquelle devrait participer aussi bien ce qui reste à l’INSEE du département des compte nationaux en grande partie démantelé, que des organismes comme l’OFCE ou le BIT, qui malheureusement depuis longtemps, ne font plus que de la prévision par extrapolation du passé récent, ce qui ne convient absolument pas à des périodes de crise comme celles que nous traversons.
Ainsi, le travail pourrait être réalisé par une équipe importante qui, en s’appuyant sur l’ensemble des statistiques disponibles aussi bien du point de vue économétrique que du point de vue industriel (puisque les données de base du modèle ATHEMA sont des données techniques) permettrait un véritable débat sur les orientations du pays.

A quel niveau géographique ?

Le niveau national français s'impose quitte à ce que les résultats obtenus pour la France soient utilisées par d’autres pays, européens ou non.
Il serait tout à fait illusoire de travailler au niveau de l’Europe compte tenu de l'hétérogénéité des situations des divers pays européens . Il convient donc de résister à l’euro alibi au renoncement national qui consiste à ce que, lorsqu’un problème se pose, les dirigeants français disent : "oh çà, c’est un problème qu’il faut étudier au niveau européen", après quoi, on s’aperçoit qu’au niveau européen c’est la tour de Babel, la cacophonie et on ne fait rien.